Blackout
1 juin 2014Le 27 avril 2014, à 17h11, j’ai commencé une illustration. C’était un dimanche.
Le lundi, je suis allé travailler. Je me suis réveillé il y a quelques jours, dans ma chambre. Je ne sais plus ce qu’il s’est passé.
J’ai des flashs parfois. Je crois qu’ils m’ont fait travailler. 768 heures d’affilée. On ne pouvait pas partir. Des gens nous apportaient des hamburgers directement sur nos bureaux. Tous les jours la même nourriture. Tous les jours cliquer. Je n’arrive plus à dormir. Je me réveille en criant au milieu de la nuit, convaincu qu’il y a eu une erreur. Les cheveux ne se sont pas rendus, ça n’a pas marché. Tous les personnages seront chauves à cause de moi. CHAUVES ! J’ai changé. Je connais leurs noms. Je les associe à leur visage, à leur rôle. Je me pose la question parfois. Non, ce n’est pas possible. Je me demande si je ne commencerais pas à ressentir un intérêt pour ce jeu !
J’en ai trop dit. Si les papiers qu’ils m’ont fait signer ne font pas partie de mon imagination, ils vont me retrouver et m’anéantir. Nous n’avions pas le droit d’en parler.
J’ai fini l’illustration il y a quelques jours, la voici.
Je l’ai faite sur un écran très lumineux, et l’ai terminée sur un écran très sombre. À l’image de cette période de ma vie. Je ne sais pas à quoi cela va ressembler chez vous.
J’ai d’autres flashs. Je crois qu’ils nous laissaient dessiner. Pendant 15, 20 minutes des fois nous ne pouvions rien faire. Ni partir, ni travailler. Juste attendre. Ils nous donnaient des carnets. J’ai repris quelques dessins, espérant y trouver des indices. Mais tout espoir est vain.
Un jour peut-être. La vérité éclatera. Vous verrez.
Je serai libre.